Réflexion sur l'Homme

L’univers se meurt. Ce n’est un secret pour personne : l’univers se meurt. Autrefois vivace, autrefois vivant, joyeux dans sa démarche, insouciant, parfois inexplicable, surprenant, audacieux, notre monde connaît un tournant majeur et nous ne sommes guère dans de meilleures postures pour en tirer des conclusions. Ce fut un long processus, que l’ignorance balaya, sans s’affoler, sans se presser. Mais l’ignorance, qu’importent les étapes de sa construction, est reine. Nous nous élèverons contre l’ignorance. Nous élèverons contre la bêtise. Nous nous élèverons contre l’insomnie qui empêche l’humanité de s’exprimer. Nous nous élèverons contre cette barrière, mirage qui nous lie dans notre silence, qui a coupé toute forme de diplomatie, qui a scellé nos langues et par la même occasion, tous types de rapports qui alimentaient l’humain. Nous nous élèverons contre la fainéantise, contre le sommeil de la langue. Nous nous élèverons contre tous ceux qui s’opposeraient au processus inverse, au processus d’intelligence : il est temps que notre univers retrouve les bases saines sur lesquelles il s’appuyait autrefois.

D’alliances, nous en connûmes de toutes sortes. Commerciales, militaires, économiques, hégémoniques. Toutes avaient, en leur sein, dans leur chaire, un élément qui les caractérisait. Elles possédaient leur propre art de vie, leurs propres stratégies militaires, leurs propres manières de fonctionner, de réagir et d’assumer leurs échecs et leurs réussites. Ces alliances existent toujours. Ces hommes qui gouvernaient autrefois sont toujours là, au milieu du conglomérat humain qui aujourd’hui ne fait plus qu’un. Et c’est ce que nous réprimons. Qu’importe la violence de l’âme des hommes. Qu’importe leur pacifisme. Qu’importe leur ignorance. Qu’importe leur intelligence. Qu’importe tout ce qui compose leur personnalité, tout ce qui construit, dans son noyau le groupe commun. L’Alliance. La bêtise des hommes et de leurs produits sont faits banaux. Des faits qui nous amusent, qui nous font tous rire, mais ne rendent-ils par notre monde plus gai ? Plus admirable dans sa conception ? Ne nous différencient-ils pas tous les uns des autres ? Où sont les grandes tirades éloquentes des grands de ce monde ? Où sont les ministres de la diplomatie ? Où sont les dirigeants qui manient le politique, le militaire et l’économique, de droit ou non, d’une main de fer ou de coton ? Où est l’innovation, où sont les revendications, les déclarations de guerre et les alliances ? Pourquoi notre monde est-il plongé dans l’indépendance et dans la solitude ?

L’homme est Homme parce qu’il est différent. Parce qu’il pense, il est, il a été, et il deviendra. L’homme possède sa propre vision des choses, il analyse le monde à son image, selon son propre regard et en tire ses propres conclusions. Cette sensation humaniste a disparu. Cette sensation a disparu parce que l’homme n’exerce plus le pouvoir qu’il a sur l’animal, sa particularité essentielle qui fait de lui un être de chair et d’âme. Nous sommes tous devenus des animaux. L’homme sait se battre, il l’a prouvé maintes et maintes fois par le passé, il le prouvera encore. Preuve en est de toutes les grandes hégémonies que Galactica ait connu. Les hommes savent commercer. Les hommes savent corrompre. Ils savent aussi être fidèles. Mais l’Homme a oublié une chose essentielle qui, sans elle, fait de lui un animal, une bête stupide et idiote. Rien d’autre qu’une bête qui utilise des moyens, aussi puissants et poussés soient-ils, des outils qu’il a mis à sa disposition. Il les manie avec méthode, comme une vulgaire machine extrêmement bien huilée.

L’Homme a oublié de parler. L’Homme a oublié de communiquer. L’Homme a oublié de partager sa pensée, quitte à annihiler toutes les autres. L’Homme a oublié qu’il était le fruit d’une culture, d’une idéologie. L’Homme a oublié de partager, il a oublié de s’imposer par la raison et par la démence. L’Homme a oublié, trop oublié. De Parler.

L’Homme a oublié d’être humain.